La Lorraine à un tournant historique
La crise mondiale profonde que traversent les différentes économies de la planète n’épargne bien évidemment pas la Lorraine.
Quand la Lorraine attend le pire
Et la plupart des indicateurs sont au rouge, tout comme la colère des syndicats et des travailleurs : hausse de plus de 3% du chômage le mois dernier en Lorraine, accélération de la paupérisation, congés forcés dans les industries automobiles et sidérurgiques avec la mise en veille des hauts-fourneaux. Le pire semble même encore à venir avec les conséquences futures des restructurations militaires qui peinent à trouver des compensations. La Lorraine ne touche donc pas encore l’étiage de son mal-être.
Une remise en question est obligée pour tous
La conjoncture économique actuelle extrêmement difficile remet en question les fondements mêmes qui ont fait, et font toujours d’une certaine manière notre province. Tous les secteurs sont concernés : industrie, transports, administration,… A l’heure où l’on nous parle d’écologie et de préservation de l’environnement, il convient désormais de soulever les vrais problèmes, ceux des Lorrains avant tout. Quand nombre de nos compatriotes se voient amputer de 200 ou de 300 euros par mois, mis au chômage technique ou au chômage tout court lorsque l’on ne les oblige pas à poser leurs congés, et par la même glisser irréversiblement vers la précarité, il n’est pas normal de vouloir conserver à tout prix et par égoïsme de véritables aberrations du système, qui au final, profitent toujours aux mêmes et à ceux qui n’ont pour seul mérite que d’exploiter les failles et les contresens du système en question. Un exemple : il est absolument inconcevable et inadmissible que certains élus continuent inlassablement à s’accrocher au mode actuel de fonctionnement de la communauté d’agglomération de Metz Métropole, qui a maintes fois prouvé ses limites en matière de coût et d’efficacité. Est-il de normal d’avoir dans ce cas très concret près de cinquante vice-présidents formant une sorte de nomenklatura avec toutes les prérogatives et les primes qui vont avec ? Est-il normal de devoir se creuser la tête pour trouver une compétence aussi incongrue et improbable soit-elle à tout ce petit monde ? Bien entendu que non. Il est grand temps de mettre un terme au diktat de la « mafia lorraine ».
Un tournant historique à négocier
La Lorraine est donc à un tournant historique. Après une première reconversion difficile et qui peine encore aujourd’hui à porter ses fruits, tant les désillusions furent nombreuses, voilà qu’une crise importée sans précédent depuis bien longtemps nous amène devant nos responsabilités et à faire des choix, qui seront sans doute et dans un premiers temps compliqués, mais décisifs pour l’avenir de notre province. L’illusion de transition que nous font miroiter certains et toujours les mêmes d’ailleurs depuis les années 1980 est de moins en moins crédible maintenant, crise et morosité ambiante obligent. Certes, il y eu des réussites de reconversion durable, la prodigieuse expansion et prospérité d’Amnéville-les-Thermes en est l’exemple le plus illustre. Afin d’entériner et de réussir pleinement et enfin sa reconversion, la Lorraine doit désormais tourner définitivement la page de la sidérurgie. La crise actuelle lui en donne l’opportunité unique. En résumé, c’est maintenant ou jamais. Mais attention, la rupture ne doit pas être totale et trop brutale, les conséquentes immédiates en seraient bien évidemment désastreuses, comme ce fut le cas de la Russie d’Eltsine après la chute du système soviétique. Non, cela doit se faire progressivement, par pallier. La Lorraine ne peut plus en effet traîner comme un boulet le fardeau de ces industries, qui au-delà de ternir son image depuis bien trop longtemps, plombe sa santé économique comme celle de ses ouvriers, à chaque soubresaut de la conjoncture. La sidérurgie est de toute manière condamnée à moyen terme en Lorraine.
L'avenir se prépare aujourd'hui
C’est donc maintenant qu’il faut préparer l’avenir afin de nous prémunir d’une nouvelle sinistrose comme ce fut le cas avec la fermeture des mines. Pour cela, il nous faut nous tourner irrémédiablement vers les nouvelles technologies, l’innovation, les énergies renouvelables et les industries de pointes, autant de secteurs porteurs d’espoir et de prospérité. Par certains points, la Lorraine s’est déjà engagée dans cette voie, parfois timidement, parfois plus ouvertement selon les domaines. C’est à cette tâche qu’il convient désormais de s’atteler. Une partie de la Lorraine est une terre d’industrie et continuera à l’être dans de nouveaux projets à plus forte valeur ajoutée qui auront besoin d’une main d’œuvre qualifiée et de qualité. Le déclin des industries en difficulté en Lorraine comme la sidérurgie, qui malgré les énormes bénéfices réalisés par les grands groupes tels qu’Arcelor-Mittal, et qui pourtant n’hésitent pas à licencier une part non négligeable de leur personnel afin d’augmenter leur rentabilité et leur marge sous la pression d’actionnaires toujours plus avides et cupides, doit être accompagné, et ce dans l’intérêt des travailleurs de ces filières. Mais il serait non profitable à long terme d’injecter des millions et des millions pour sauver ce qui bientôt est appeler à disparaître. Ces millions doivent au contraire être utilisés pour financer des projets porteurs, innovants et garants d’une future santé économique, tout en assurant la reconversion des ouvriers sidérurgistes encore présents. Ce choix est d’autant plus difficile à faire que tirer un trait sur la sidérurgie, serait pour certains renier une partie non négligeable de l’histoire lorraine et de sa formidable épopée. Cela constituerait en outre pour d’autres à oublier des décennies de luttes sociales et syndicales. Incontestablement. Mais ce choix est crucial pour l’avenir de la Lorraine. A nous de savoir mettre en valeur cette mémoire ouvrière, à nous de conserver notre patrimoine industriel, à l’image de l’U4 d’Uckange, afin de lui redonner une nouvelle jeunesse dans le tourisme.
Vers quelle voie ?
La Lorraine doit maintenant choisir la voie qu’elle souhaite suivre... Telle en sera la réussite ou non de la mutation de son économie.
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