Hayange : berceau et tombeau du fer
Berceau du fer, Hayange s’est développé sous le regard protecteur et bienveillant de la Vierge qui surplombe la vallée, ainsi qu’à l’ombre nourricière et vrombissante de l’usine, intégrée depuis 300 ans à la ligne d’horizon (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/20../../patrimoine-memoire-et-histoire-a-hayange/).
Hayange, c’était un petit Paris. Une ville prospère. Les rues étaient noires de monde, les gens venaient de partout. Le samedi, les trottoirs étaient saturés. La Rue Foch, la grande artère commerçante de Hayange, tenait lieu de Champs-Elysées. Il y avait des boutiques de luxe, comme Betty Coutur qui s’étendait sur neuf étages et Petit Lit Blanc, magasin de meubles et de jouets pour enfants, dont les vitrines étaient une invitation à un rêve hors de portée. La mairie, construite dans le plus pur des styles des années 1950, a un vrai potentiel de classement aux Monuments historiques. Certains y voient un bel immeuble art déco, d’autres un austère bâtiment d’inspiration stalinienne. La ville est encore belle, peut-être même plus qu’avant, mais désormais, elle est vide.
La fermeture annoncée des deux hauts fourneaux du Patural (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/20../../siderurgie-arcelormittal-sacrifie-la-filiere-liquide-lorraine-sur-lautel-des-profits/), le troisième définitivement condamné étant en cours de démontage, ravive cette angoisse et cette peur du vide. L’arrêt du P3 et du P6 a néanmoins eu pour vertu de reformer le triptyque « politiques, commerçants et sidérurgistes ». Ensemble, ils ont organisé au début de l’année une action « vallée morte ». 40 000 tracts ont été imprimés avec la volonté de toucher le plus possible les 29 000 foyers que compte la vallée de la Fensch entre Uckange, Fameck, Serémange, Florange, Nilvange, Knutange, Algrange et Fontoy. Hayange reste l’épicentre de cette vallée qui a vécu du fer. Et en a souffert aussi (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/20../../lorraine-les-fantomes-du-passe-industriel/).
Au temps de la splendeur, la ville comptait 22 000 habitants. Elle en a 15 550 aujourd’hui. Hayange était une ville bien plus jeune que la moyenne française. Moyenne qu’elle dépasse largement depuis. Elle a perdu son dynamisme. La sidérurgie reste le cœur de métier de la ville, même si 50 % des habitants de moins de 40 ans travaillent au Luxembourg. Il faut dire que la frontière de ce pays, parmi les plus riches du monde, ne se trouve qu’à 16 kilomètres. Dans les nouveaux lotissements qui se construisent, la proportion atteint près de 90 %.
Hayange a perdu son lustre d’antan. On ne peut en parler sans frissonner. C’est indéniable. Des rues autrefois commerçantes sont devenues désertes. Mais pas question de succomber à la sinistrose. Ici, on ne se lamente pas. On se bat.
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