La Chasse aux Gaspilleurs
Début d'une série de mauvais goût : la station d'épuration de Guénange
Tout le monde a encore en mémoire du côté de Guénange en Moselle le scandale de la station d’épuration. En effet, il y a quelques années, celle-ci avait défrayé la chronique et n’avait d’ailleurs fait aucun doute, à l’époque, sur la première chaîne de télévision.
La raison de tout ce remous médiatique ? Rien de plus simple : la station, qui avait coûté plusieurs millions d’euros, était tout bonnement inutilisable ! Et dire qu’elle se voulait être à la pointe de la technologie !
Si aujourd’hui, le problème a été résolu, d’autres affaires, beaucoup « plus graves », puisque ne trouvant pas leur origine à un éventuel défaut de conception ou architectural, plombent les finances des collectivités locales, alimentées par votre argent.
Le nouveau logo de la CA2M
Pour commencer, examinons le cas du nouveau logo de la Communauté d’agglomération de Metz Métropole (CA2M). Confié aux soins d’une société privée, ce dernier devrait coûtait la bagatelle de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Franchement ça vaut le coup de crayon !
La première question à se poser est de savoir si un nouveau logo était vraiment nécessaire en ce moment, alors que la CA2M se plaint de n’avoir pas assez de réserves pour mener à bien ses différents projets (Busway et Palais des Congrès de Metz). Ensuite, si tel était finalement le cas, ce que nous doutons fortement, dans la mesure où la CA2M ne possède pas de multiples sigles tous différents comme c’était le cas de la ville de Metz, une réalisation en interne n’aurait-elle pas suffit pour remplir cette importante mission ? C’est en tout cas le choix qu’opta la mairie de Metz pour son nouveau logo jaune « Miramont » (voir page « En Bref »).
Certes, même si c’est une affaire de goût, le résultat n’est pas vraiment au rendez-vous. Mais il avait au mieux le mérite de limiter la dépense publique. En effet, si ce genre de dépense peut encore être acceptable en période de forte croissance, en période de vaches maigres, cela fait franchement tâche, d’autant plus pour une institution qui clame depuis un moment qu’elle manque de fond. C’est sûr qu’avec ce nouveau logo acheté au prix fort, cela ne va pas arranger les choses.
Par contre, ce qui pourrait les arranger, serait déjà de modifier le fonctionnement même de la CA2M, avec sa cinquantaine de vice-présidents à qui, pour certains, il est vraiment dur de trouver de quoi ils pourraient bien l’être pour toucher leurs indemnités de fonction. Ainsi la CA2M est un cas unique en France ! Vraiment aberrant. Des économies substantielles ou non, pourraient certainement être réalisées. Mais que voulez-vous, pas touche à la nomenklatura messine.
Le Centre Pompidou de Metz
Montons en puissance dans les dépenses de nos chers gaspilleurs et (ir)réponsables lorrains, toujours à Metz, avant de présenter la cerise régional sur le gâteau. En effet, au sujet du Centre Pompidou-Metz, actuellement en cours de construction, l’entreprise Demathieu & Bard, principal artisan de ce projet titanesque, avait signé en 2006 avec la CA2M, et oui toujours elle, un marché de construction de 45 millions d’euros, l’enveloppe globale ayant été fixée à 60 millions d’euros. Aujourd’hui, l’entreprise de construction réclame une rallonge de 7 millions d’euros à la CA2M. Motifs : insuffisances dans la conception du bâtiment, modifications apportées aux plans initiaux, retrait du bureau d’études anglais Arup, ou encore mauvais temps.
Si la CA2M ne fait pas la pluie et le beau temps, la société de BTP estime que ces différents évènements ont eu pour conséquences de retarder l’avancement des travaux. Et comme dit l’adage populaire, le temps, c’est de l’argent. En complet désaccord avec cette analyse, la CA2M attribue quand à elle les dysfonctionnements du chantier à l’entreprise.
Ainsi, pour tenter de trouver une solution, la collectivité territoriale et l’entreprise envisagent une conciliation, c’est-à-dire un arrangement à l’amiable. Qui dit conciliation dit automatiquement conciliateur. Cela signifie pour le contribuable, des honoraires à payer, pour la modique somme de 100 000 euros ! Mais ce n’est pas tout. Si la conciliation en question venait à échouer, le litige serait porté devant les tribunaux, ce qui induirait naturellement de nouvelles dépenses.
Voilà qui devrait donner définitivement des sueurs froides ou autres palpitations aux contribuables, d’autant plus que le bâtiment n’est toujours pas assuré ! Enfin, un changement notoire a récemment été décidé : le retour à l’unité géométrique de la charpente, telle que dessinée par l’architecte japonais plein aux as Shigeru Ban. Coût supplémentaire : 410 000 euros ! Si nous ne remettons pas en cause le projet du Centre Pompidou-Metz, la gestion et le suivi de ce dossier, nous apparaît clairement à revoir et dommageable pour le contribuable.
Cerise sur le gâteau : Les gares TGV Louvigny Vandières
Enfin, la palme d’or du festival de la connerie et de la dépense inutile revient bien entendu à l’ensemble des décideurs politiques régionaux, vous savez cette sorte de mafia, au sujet du dossier Louvigny-Vandières. Rappelez-vous, le scénario de départ accepté par tous était de construire PROVISOIREMENT, c’est vrai après tout, pourquoi construire quelque chose de définitif tout de suite, une gare TGV d’interconnexion à Louvigny réservée aux liaisons entre la Lorraine et des grandes villes de province comme Rennes, Nantes, Bordeaux ou Lille, en attendant (quoi ?, l’histoire ne le dit pas) d’en réaliser une autre dotée d’une liaison ferroviaire avec notamment le réseau des trains express régionaux à Vandières. Du grand n’importe quoi.
Cette histoire est véritablement un non-sens depuis le début, car si Vandières se fait, que deviendra Louvigny qui a tout de même coûtée plus de 20 millions d’euros, sans compter éventuellement les dizaines de millions d’euros pour une seconde gare ? Les partisans de Vandières misent paraît-il sur le développement du rail. La blague du jour. Franchement vous croyez que Louvigny pourra accueillir du fret dans les années à venir? Le « TGV fret », ce n’est pas pour demain...
Sincèrement, les gaspilleurs doivent vraiment arrêter leurs âneries, cela devient à la longue vraiment grotesque. Un coup de pioche à Louvigny, puis un autre à Vandières, pour au final faire deux fois la même chose ou presque et balancer toujours plus de millions par les fenêtres ! Déjà qu’à force il n’y en a même plus dans les caisses...
Mais pour mieux comprendre les subtilités de cette sale affaire, faisons encore un petit rappel. Toujours au début, si une gare devait bien voir le jour à Louvigny, celle-ci devait se faire au niveau de l’aéroport régional Metz-Nancy-Lorraine, comme c’est logiquement le cas dans toutes les grandes villes européennes ou presque. Malheureusement, la SNCF, sans opposition de qui que ce soit en Lorraine, a tout simplement dit non. Pourquoi ? Tout simplement par peur d’une éventuelle concurrence avec Air France. Seconde blague du jour, car Air France avait annoncé son retrait de Metz Nancy Lorraine pour les vols entre Paris et la Lorraine une fois le TGV terminé. Et c’est bien ce qui s’est évidemment passé. Bien sûr, car il n’y a pas photo entre les deux moyens de transport sur cette distance. En effet, avec le TGV, vous mettez, certes plus de 30 minutes qu’en avion pour rejoindre Paris, mais ceci est largement compensé par le temps passé pour enregistrer ses bagages et pour arriver au centre-ville (l’avion ne vous dépose pas, contrairement au train, aux portes du centre-ville, mais en périphérie des agglomérations).
Au final, alors oui on fait la gare à Louvigny, mais à trois kilomètres de l’aéroport, qui plus est en pleins champs ! Comble des choses, il a fallu attendre en plus un an pour voir fleurir au bord des routes des panneaux de signalisation indiquant la gare ! Pire, après plusieurs mois d’exploitation de la ligne à grande vitesse, les gens débarquant en Lorraine tard dans la soirée n’avaient même plus de navette pour regagner la ville ! Une véritable aberration ! Il faut vraiment que nos gentils gaspilleurs, toujours souriant sur les photos, arrêtent de faire n’importe quoi avec l’argent public et de nous prendre pour des poires, en essayant tant bien que mal et désespérément de maquiller leurs erreurs. Qu’ils assument leurs responsabilités non d’une pipe !
Chasse au gaspillage ou aux gaspilleurs ?
Si la crise appelle l’investissement et des infrastructures, il convient néanmoins de les mener à bien, tout simplement. Déjà qu’en Lorraine pour prendre une décision et lancer un projet d’envergure il faut attendre 30 ans avant que tout le monde ou presque ne soit d’accord. Une fois que c’est véritablement parti, cela tourne à l’absurdité monstrueuse ou au scandale.
Alors, s’il faut faire la chasse à quelque chose, ce n’est pas gaspillage, mais aux gaspilleurs et autres magouilleurs qui n’hésitent pas s’entredéchirer pour truquer telle ou telle élection, même de circonspections, pour conquérir la moindre miette de pouvoir, et nous offrent par la même occasion un bien pitoyable spectacle.
Car, pour terminer, face à ces gaspilleurs qui dilapident nos richesses et notre argent, que penser du bien triste spectacle offert par le visage le plus visible de la crise. Que penser de tous ces gens qui essayent de joindre les deux bouts comme ils le peuvent en guettant, de plus en plus nombreux, du coin de la rue ou du banc d’en face la sortie des sacs noirs des boulangeries. Il y a aussi ceux qui piochent par refus du gaspillage. Le phénomène a pris de l’ampleur depuis six mois. Cet hiver, les Restos du Cœur s’attendent à voir exploser le nombre de repas fournis...
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