Bilan de la tempête Lothar en Lorraine treize ans après
Le bilan fut catastrophique : 70 000 hectares de forêts publiques détruites à plus de 50 % (27 000 hectares en Meurthe-et-Moselle, 21 000 dans les Vosges, 14 000 en Meuse et 8 000 en Moselle). 12 % de la surface forestière fut couchée, laissant une effroyable balafre dans le paysage lorrain. Notre région fut la plus touchée par cet ouragan, qui fut suivi dans la nuit du 27 au 28 décembre d’une seconde tempête, Martin, heureusement moins destructrice dans l’Est de la France.
Au lendemain de cette tragédie, l’Office National des Forêts (ONF) décida de se contenter d’un simple ensemencement d’espèces déjà présentes et d’un repeuplement par voie naturelle. Pour cause de changement climatique, l’ONF n’intervient en effet plus que pour planter des essences mieux adaptées écologiquement que celles précédemment en place. Il a par ailleurs volontairement laissé libre de toute intervention humaine une parcelle d’une centaine d’hectares en forêt de Haye, près de Nancy, afin de mieux comprendre sa capacité de résilience. Les ingénieurs devront cela dit patienter encore un bon moment pour tirer un quelconque enseignement de cette expérimentation en raison de la durée des cycles de régénération des arbres.
Même si la forêt lorraine reprend petit à petit sa physionomie, treize ans plus tard la cicatrise est encore visible, ce que l’on peut comprendre aisément quand l’on sait qu’un hêtre peut croître jusqu’à 100 ans et un chêne jusqu’à 180 ans ! Il faudra par conséquent attendre de nombreuses années pour exploiter le bois de chauffage issu des nouveaux peuplements et pas moins de 30 ans pour à nouveau commercialiser des grumes intéressantes.
La tempête a par ailleurs plongé la filière bois de la région dans une situation précaire. Elle a en effet couché d’un coup près de dix fois le volume de chablis qui devrait être commercialisé en un an, inondant ainsi le marché et faisant chuter les prix. Faute de pouvoir tirer profit de leur ressource, beaucoup de communes forestières se sont également retrouvées en difficulté. Et la situation n’est pas prête de s’arranger. D’autant plus que les aides accordées par l’Etat français n’ont pas permis d’effacer les stigmates du désastre treize ans après. Les exploitants forestiers sont enfin inquiets car en raison du réchauffement climatique de telles catastrophes risquent de se reproduire plus fréquemment. Or la capacité de résistance aux vents d’un arbre n’est pas la même selon son âge.
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