Fermeture de Souche Papers à Anould
La décision du Tribunal vosgien a mis fin à près de deux siècles d’histoire. Fondée en 1820, l’unité avait commencé par la fabrication de papier à cahier et pour enveloppes, puis s'est spécialisée dans la production de papier pour l’impression d’affiches et d’étiquettes. A son apogée, au début du siècle dernier, plus de 1 000 personnes y travaillaient.
Histoire d’un énième gâchis :
L’entreprise était en sursis depuis plusieurs années. Elle avait déjà été liquidée en décembre 2010 et 168 salariés avaient alors été licenciés. Mais les ouvriers avaient décidé de relancer leur usine. 94 étaient ainsi devenus actionnaires de la holding créée en avril 2011. Malheureusement, leur société a succombé à un manque de trésorerie d’un montant de 2 millions d’euros. Elle affichait encore pourtant en mai dernier un carnet de commandes bien rempli et n’aurait jamais dû en arriver là.
En 2011, au moment de relancer l’activité, les nouveaux dirigeants avait vendu une partie de leur quota de CO2, afin d’avoir de la trésorerie pour acheter des matières premières. Mais leur dossier, géré par la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) de Lorraine, avait étrangement été bloqué sous prétexte que la société ne pouvait pas disposer de ce quota pour en céder tout ou partie. Cette opération est pourtant prévue par la loi. L’entreprise finit par récupérer son quota fin juillet 2011. Trop tard, car elle avait déjà perdu 95 % de sa clientèle partie s’adresser aux concurrents.
Par ailleurs, aucun organisme financier n’a souhaité soutenir Souches Papers. Oséo (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/20../../le-scandale-de-l%E2%80%99eolienne-domestique-lorraine/ ), les banques, le Fonds Stratégique d’Investissent, tous ont considéré que l’entreprise ne remplissez pas leurs critères arbitraires d’éligibilité, à savoir trois ans d’ancienneté et au moins une année bénéficiaire. Ce qui n’a aucun sens lorsqu’on démarre une activité !
Les salariés-associés ont également vu leur Prime d’Aménagement du Territoire (PAT), d’un montant de 800 000 euros, bloquée, ce qui les a mis en difficulté. Ils remplissaient pourtant parfaitement les critères (création d’emploi, projet d’investissements, cotisations sociales et fiscales à jour). La machinerie administrative française est incompréhensible. Si bien qu’au fur et à mesure du décalage des commandes, les clients se détournèrent de Souches Papers. Une situation inadmissible qui s’est conclue par un dépôt de bilan le 24 juillet dernier. Ironie du sort, la PAT a était attribuée la veille.
La liquidation de Souches Papers représente à nos yeux un énième gâchis social et humain, une perte de savoir-faire, alors même que l’entreprise avait innové en se lançant dans le papier ignifugé. Tout semble avoir été fait pour couler la boîte. A un tel niveau administratif, difficile de croire aux coïncidences. Alors que la crise socioéconomique fait de plus en plus de ravages et que notre pays peine à trouver sa place dans le grand concert de la mondialisation, comment ne pas être indignés de voir que l’on se met nous-mêmes des bâtons dans les roues. L’industrie lorraine est plus que jamais en voie d’extinction.
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